Top 10 des oeuvres et des artistes les plus troublants!

Publié le par Mison Rentlau

Pas besoin de tourner autour du pot! Dans cet article nous allons égrainer les œuvres les plus bizarres, émouvantes, malsaines et passionnantes, d'artistes tout aussi curieux et troublants. Nous allons tranquillement alterner entre le crade, le merveilleux, le mauvais-goût et le fascinant. Quoi qu'il en soit, ces œuvres ne vous laisserons pas indifférents et sèmeront forcément en vous le trouble...

#10 Miroslav Tichy: un ami qui vous veut du bien!

Miroslav Tichy avec un de ses appareils photos "fait-maison".

Miroslav Tichy avec un de ses appareils photos "fait-maison".

Miroslav Tichy est un photographe tchèque né en 1926 et mort en 2011.

Après un bref passage à l'académie des Beaux-Arts de Prague, Miroslav se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique, certainement à cause de son caractère marginal et révolté qui déplait aux autorités soviétiques de l'époque.

A sa sortie Monsieur Tichy se consacre à son art, et développe une photographie entièrement portée vers le corps féminin. Vivant en quasi-ermite, il confectionne lui-même ses appareils photos et immortalise des centaines de portraits de femmes au corps flou, parfois tronqué. Comme obsédé par les femmes il les "traque" dans la rue, dans les bains publics ou à travers les grilles des piscines et profite parfois du fait que celles-ci ne pensent pas qu'un tel appareil fait de bric et de broc puisse réellement fonctionner.

Top 10 des oeuvres et des artistes les plus troublants!

#9 Ted Serios et la pensée créatrice.

Ted Serios en pleine séance de psychophotographie.

Ted Serios en pleine séance de psychophotographie.

Pour continuer avec la photographie, nous voici en compagnie du médium et photographe américain: Ted Serios.

Si Miroslav Tichy construisait lui-même ses appareils photos, Ted Serios quant à lui n'en avait tout simplement pas besoin puisqu'il disait avoir la capacité mentale d'imprimer des images directement sur la pellicule, et ce simplement grâce à la force de sa pensée.

Au cours des années 60, Serios multipliera les séances de médiumnisme en présence d'un public où se mêlent professionnels de l'hypnose, journalistes, médecins, et simples curieux. Durant son "show" il rentre en transe, hurle, se prend la tête entre les mains et rentre parfois dans une sudation extrême qui l'oblige à ôter sa chemise.

Convaincu de la véracité de son don, le photographe sera étudié à plusieurs reprises, par des scientifiques mais aussi par des illusionnistes. Même s'il a été plusieurs fois prit la main dans le sac alors qu'il trafiquait les pellicules ou qu'il déclenchait discrètement l'appareil photo durant ses séances, le doute subsiste puisque lors d'observations réalisées en milieu scientifique des résultats probants sur les capacités de Serios furent constatés.

Quoi qu'il en soit, si le photographe-medium avait trouvé un "truc" pour simuler son don, à ce jour aucune étude n'est arrivée à déterminer comment il procédait...

Exemple d'impression directe de la pellicule par la pensée de Ted Serios.

Exemple d'impression directe de la pellicule par la pensée de Ted Serios.

# 8 Alexander Lobanov au garde-à-vous.

Autoportrait photographié et peint d'Alexander Lobanov

Autoportrait photographié et peint d'Alexander Lobanov

On peut dire sans se tromper que peu d'œuvres peuvent se vanter de rivaliser avec l'aspect obsessionnel de celles d'Alexander Lobanov.

Les informations sont lapidaires sur cet artiste russe. Né en 1924 il est victime à l'âge de six ans d'une maladie cérébrale qui aura pour conséquence de le laisser sourd et muet. Peu après ses vingt ans, il est interné en hôpital psychiatrique car il présente des troubles autistiques liés à des problèmes d'agressivités.

La promesse d'un militaire de passage de lui donner son arme, ou l'incapacité qu'il eut à participer aux conflits militaires de son époque engendra chez Alexander un traumatisme certain. Il en découla une œuvre incroyable, composée de plusieurs dizaines d'autoportraits parodiques au charme naïf où l'artiste reprend à la gouache des symboles soviétiques et militaires répartis dans une composition soignée.

Systématiquement placé au centre, posant comme un héros de guerre, son portrait prend place au milieu de nombreuses armes, et autres scènes de guerres et de chasses. Il est évidemment impossible de déterminer le degrés d'ironie qui habite ces œuvres. Alexander Lobanov mourut en 2003 entre les murs de l'hôpital d'Afonino.

Autoportrait peint d'Alexander Lobanov

Autoportrait peint d'Alexander Lobanov


# 7 Henry Darger: de l'autre côté du miroir.

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L'œuvre d'Henry Darger s'aborde comme un univers à part entière. C'est un homme qui, autodidacte, crée plus qu'une œuvre, un monde complet, avec ses mythes et ses démons.

Plusieurs milliers de pages composent une œuvre assez pauvre au niveau picturale (Henry Darger ne savait pas dessiner, il décalquait donc des personnages issus de la culture populaire américaine pour les insérer à ses scènes) mais qui impressionne par son immensité.

Darger y raconte à la manière d'un roman fleuve, l'histoire des sept Vivian girls, petites filles dotées d'un pénis qui doivent se battre avec violence pour survivre dans un monde hostile.

L'artiste semble en permanence lutter avec un passé qui le hante, tel une catharsis, il couche sur le papier la victoire des enfants, la vengeance des innocents. Peut-être le seul moyen pour lui de survivre avec les souvenirs d'une enfance solitaire passée dans un asile pour enfants où les maltraitances diverses étaient légion.

"Un jour au musée" s'était déjà penché sur le cas passionnant d'Henry Darger; alors pour approfondir faites un tour dans la section: "Un artiste à connaître".

Henry Darger et ses Vivian Girls

Henry Darger et ses Vivian Girls


# 6 Michael Heizer et sa cité interdite.

Michael Heizer face au chantier de son projet "city".

Michael Heizer face au chantier de son projet "city".

Michael Heizer est un artiste américain qui s'est spécialisé dès la fin des années 1960 dans le Land Art, c'est à dire, pour résumer, dans la création d'œuvre in situ, destinée à prendre place au sein d'un paysage naturel et à se former à partir des matériaux fournis par ce dit-milieu.

Heizer travaille sur différents projets picturaux et sculpturaux, mais il entame en 1972 un projet pharaonique qui est à ce jour, toujours inachevé. The city est un projet architectural et sculptural inédit visant à construire de toute pièce une ville dans un désert du Nevada.

Projet secret (cette cité est entièrement interdite au public), la ville vise à se développer sur plusieurs kilomètres de long et s'inspire de l'architecture des temples des civilisations d'Amérique du sud. Lorsqu'elle sera terminée, cette œuvre sera tout simplement la plus grande sculpture jamais réalisée par l'homme.

Vue de "The city"

Vue de "The city"


# 5 A.C.M, un monde à disparaître.

Sculpture d'A.C.M

Sculpture d'A.C.M

A.C.M est le pseudonyme d'Alfred Marié, il utilise ses initiales au milieu desquelles il a intercalé celle du prénom de sa femme Corinne.

D'une grande timidité Alfred Marié ne présente qu'en de très rares occasions ses œuvres lui-même, sa femme joue un rôle essentiel dans son processus artistique puisqu'elle lui sert d'interface avec le monde extérieur.

Il naît en 1951 dans le nord de la France et étudie durant cinq ans aux Beaux-Arts de Tourcoing. Peu après il commence ses constructions métalliques, en assemblant des pièces informatiques et mécaniques, ainsi que des petits personnages et des animaux. Véritables cités miniatures les nombreux étages et plateformes se présentent au regard puis se dérobent, dissimulés dans l'ombre, puis le mystère.

Chacune de ces architectures sont volontairement abîmées par l'artiste, de l'acide y est versé ce qui a pour conséquence d'engendré une autodestruction lente et irréversible. Ultime témoignage d'une humilité profonde visant à refuser toute éternité, toute trace, engagement qui résonne comme l'écho d'un monde, qui comme tous les autres, est amené à disparaître.

Vue d'une "ville" d'A.C.M

Vue d'une "ville" d'A.C.M

#4 Marina Abramovic et Ulay: Eros et Thanatos.

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Inutile de présenter Marina Abramovic tant son influence sur l'art de la performance et sur le travail du corps fut immense des années 70 à aujourd'hui.

C'est avec son compagnon de l'époque, l'artiste Ulay, que Marina Abramovic proposera au public de nombreuses performances posant la question du couple, des rapports de force, et du sacrifice amoureux.

Dans "Bow and Arrow" performance réalisée à Amsterdam en 1980, Marina Abramovic et Ulay offrent au public un spectacle troublant. Face à face, ils bandent un arc dans un mouvement simultané. Elle, maintient l'arc fermement pendant que Ulay encoche la flèche qui pointe directement sur le coeur de Marina.

Des micros captent les battements de leurs cœurs, la tension de la corde ainsi que les gémissements causés par la posture difficile à tenir, et intensifient l'importance de l'instant suspendu engendré par la performance. Cette épée de Damoclès résonne comme une allégorie d'une situation amoureuse inique et dangereuse, soumise à la volonté des individus de tenir bon, sous peine de faire exploser le cœur de l'artiste.

Prophétique, leur séparation aura lieu au cours d'une ultime performance en 1988 où, après avoir chacun de leur côté arpenté la muraille de Chine par une extrémité, ils se diront simplement "adieu" en se prenant dans les bras après avoir chacun marché plus de 2500km.

La "rencontre" de Marina Abramovic et Ulay sur la grande muraille de Chine en 1988.

La "rencontre" de Marina Abramovic et Ulay sur la grande muraille de Chine en 1988.

#3 Anna Halprin et sa catharsis.

Anna Halprin lors de sa performance "Dancing my cancer"

Anna Halprin lors de sa performance "Dancing my cancer"

L'œuvre dont nous allons parler maintenant est le fruit d'une danseuse et chorégraphe qui a travaillé en profondeur sur la danse expérimentale et qui est aussi une des fondatrices de l'utilisation de la danse comme thérapie médicale, j'ai nommé: Madame Anna Halprin.

Née en 1920 dans l'Illinois, elle se passionne très tôt pour la danse et adopte très vite une pratique très novatrice de cette discipline basée sur l'observation de l'environnement, l'improvisation, et le concept de "tasks". Les "tasks" sont des mouvements simples basés sur la vie quotidienne qu'elle fait effectuer à ses danseurs, ce qui lui permet de travailler aussi bien avec des danseurs chevronnés que novices.

A l'âge de 52ans elle développe un cancer du côlon ce qui aura pour conséquence plusieurs opérations médicales qui l'empêcheront de poursuivre son travail de danseuse dans de bonnes conditions.

Trois ans plus tard, alors qu'elle se croit tirée d'affaire, elle fait une rechute grave. Elle refuse alors toute intervention médicale et décide de se soigner par un autre moyen... Elle organise alors une réception et invite ses proches et sa famille. Elle place au centre de la pièce une radiographie grand format de sa tumeur. Elle commence alors à danser, hurler, pleurer face à cette représentation, et, proche de la transe shamanique, essaye de chasser la maladie. Cette performance est nommée "Dancing my cancer".

Quelques temps plus tard, elle prit contact avec le corps médical qui ne put que constater qu'elle était entrée en rémission spontanée. Peu après, elle était entièrement tirée d'affaire.

Anna Halprin vient de fêter ses 95ans.

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#2 Ne fouillez pas dans la hotte du père
Nitsch...

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Hermann Nitsch est un artiste autrichien né en 1938 à Vienne. Il est l'un des fondateurs du groupe de l"actionnisme viennois". Il débute sa carrière en tant que peintre mais se passionne rapidement pour le mouvement fluxus, et se rapproche de la pratique de la performance, medium qui  correspond mieux à ses aspirations.

Il va alors travailler sur la notion d'oeuvre d'art totale, et va, durant de grandes performances qu'il conceptualise sous l'appellation de "Théatre des orgies et des mystères", expérimenter la quête d'un absolu primitivisant où chaque participant va devoir mettre à l'épreuve son rapport sensoriel au réel pour prendre pleinement conscience de son être et de son rapport au monde.

L'apogée de ses expérimentations aura lieu du lundi 3 août au samedi 8 août 1998, et prendra place dans la demeure de l'artiste située en Basse-Autriche: le chateau de Prinzendorf. Passons à présent par le cercle des passions et le cercle du sang et plongeons-nous dans ces "6-tage spiel", comprenez: " 6 jours de fête".

Durant cette semaine où chaque jour est conçu par l'artiste comme un acte d'un grand opéra wagnerien, les nombreux participants vont tour à tour participer à des actions, des peintures, des excès en tout genre et enfin à l'abbatage d'un taureau et la manipulation organisée des ses organes, boyaux et autres vicères.

Dérive trash et stérile pour certains, véritable quête anarcho-primitiviste chargée de sens pour d'autres, le travail d'Hermann Nitsch semble malgré tout repousser les limites de la performance et de l'expérience sensorielle participative.

Photographie du "6-tage spiel" orchestré par Hermann Nitsch

Photographie du "6-tage spiel" orchestré par Hermann Nitsch

#1 Gunther Von Hagens et ses amis "écorchés".

Von Hagens en compagnie d'une de ses plastinations.

Von Hagens en compagnie d'une de ses plastinations.

Il est difficile de parler de Gunther Von Hagens tant le personnage semble tout droit sorti d'une série B d'horreur peu inspirée. Né en 1945 cet anatomiste allemand (qui, soit dit en passant, a une tête à faire cailler les yaourts!) invente une technique incroyable pour conserver les corps qu'il appelle la "plastination".

Cette technique inventée en 1974 consiste à évacuer sous l'eau le sang et les graisses du corps, pour les remplacer par un silicone spécial. Ceci a pour conséquence de stabiliser le corps qui ainsi pourra se conserver éternellement.

Le problème qui se pose ici, c'est que ses créations ne se sont pas cantonnées au domaine médical mais ont fait leurs entrées dans le domaine de l'art puisqu'il organise plusieurs expositions pour présenter ses œuvres au public. Il procède alors à de véritables mises en scènes où il fait prendre des poses à ces corps, présentant des nageuses, des coureurs ou des joueurs d'échecs.

Le problème éthique se pose donc rapidement sur l'utilisation de cadavres réels pour en faire des œuvres d'art. En parallèle la question de la provenance des corps utilisés par le professeur Hagens entre en jeu. Le type asiatique que l'on peut observer sur certains corps ainsi que la présence d'une société immatriculée au nom de l'artiste et située en Chine, laisse penser que ces cadavres seraient ceux de personnes exécutées par le gouvernement chinois.

Au delà de l'aspect éthique déjà largement douteux, l'aspect artistique en lui-même ne semble pas plus réjouissant, et résulte presque d'une esthétisation burlesque de la mort.

Von Hagens en pose avec une des ses plastinations.

Von Hagens en pose avec une des ses plastinations.

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